Tournaisis en poésie. - BdT 2024

Les beautés du

Tournaisis

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Tournaisis en poésie
Quand le Tournaisis inspire Fred
Frédéric Baréty travaille à Marcq-en-Barœul en France. Mais tel un super héros, parfois, il se transforme en écrivain Amateur, et laisse traîner la plume de son cœur au gré de ses rencontres.

Père de 20 ouvrages aux couvertures enivrantes, nous lui devons un roman sur notre belle ville de Tournai : "Doc Bartier, le lundi perdu". Vous pouvez les découvrir et les acheter en ligne depuis ce site internet : https://www.endeliees.com/en-deliees-shop.


Frédéric a découvert notre groupe Facebook le 2 janvier 2024. Il est tombé sous le charme de la ville, du groupe mais surtout de ses membres. Chaque jour, il adoucit nos soirées avec "l'histoire du soir, Les nouveaux contes du Tournaisis" inspirées des photos déposées par les BdTsien.ne.s . Comme il dit, « Rêver parfois, aimer toujours… »


Merci Fred !
Extraits
L'histoire du soir.
Tournaisis en poésie

Brique sur brique
Briques après briques
Porches clos
Portes aveuglées
Lignes de mots
Lettres alignées
Une aventure
Une autre brique dans le mur
L'histoire du jour, sur la photo de Nicolas Semaille.
Les nouveaux contes du Tournaisis

Le voyage de l’arbre

Un arbre s’ennuyait, en son parc Crombez, toujours en même place, comme ses congénères, plantés. Un arbre, s’ennuyer ? Alors qu’il a ses feuilles caressées par le vent, les oiseaux chantant sur ses branches, son écureuil grimpant son tronc ? Oui, cela arrive. Les petites choses du quotidien semblent parfois anodines.
Il décida soudain de partir. Il tendit une branche sur le chemin, pour faire du promeneur-stop. Un photographe trainait son soir par là.
« Emmène moï avec toi, s’il te plait. »
« Comment veux-tu que je t’emmène, il me faudrait une hache, et cela te blesserait. »
C’était un temps où les photographes savaient parler aux arbres…
« Attends, j’ai bien une idée. Revêts ton plus beau costume de lumière, je te prends en photo, et elle voyagera à ta place. »
Ainsi fut fait. L’arbre resta en son parc, le photographe tint parole. La photo voyagea de par le monde, à l’étranger, même, où un conteur charmé écrivit cette histoire.
Rêver parfois, aimer toujours, garder ses racines en amour.
L'histoire du soir, pour en savoir un peu plus sur Niecke...
Les nouveaux contes du Tournaisis

Comme une main

Le jeune Niecke avait quitté la cathédrale sans faire de bruit. Il savait comment ouvrir la petite porte en évitant qu’elle grince. Il salua ses amies les statues, sagement alignées dans leur niche. Parfois, il imaginait qu’elles lui répondaient. « Bonjour, petit, avec notre bénédiction. »
Ce matin, il avait le cœur gros. Cela lui arrivait parfois, entre deux espiègleries qui faisaient enrager le curé. Il s’était éveillé avec un manque au cœur, une sorte de vide en lui qui lui mouilla les yeux. Il aurait donné toute sa foi pour une main douce sur son front, une voix apaisante, un câlin. Mais sa maman n’était plus là, donnant sa vie pour la sienne. Sacrée dette à porter pour un petit bonhomme.
Le jour venait de se lever, enrobant d’azur les cinq clochers de la cathédrale, devenue sa maison après l’abbaye. Sur un profond soupir, il leva la tête. Un sourire lui teinta le visage d’or. Cinq clochers sur fond de bleu d’espoir.
Comme une main tendue vers le ciel.
L'histoire du soir, sur la photo de Yolande Vrst.
Les nouveaux contes du Tournaisis

L’animal de rêve
Pour faire une licorne, il vous faut quelques fines branches de bois mort, que vous assemblerez pour former son corps, les pattes agiles, la tête fière et douce, la corne pointue, délicate et acérée.
Pour l’abreuver, penser à la poser en bord d’Escaut, l’air y est frais et humide. Pour la nourrir, un bosquet de jolies fleurs roses apaisera sa faim.
Pour lui tenir compagnie, invitez une pie en jaquette de soirée qui nichera tout à côté.
Mais, ce n’est qu’un tas de bois ? Tu y vois ce que tu veux, les contes sont faits pour cela, mon enfant.
Mais, les licornes n’existent pas ? C’est vrai, le vieux Noé les a oubliées en levant l’ancre.
Mais alors ? Alors, regarde avec tes yeux d’enfant, oublie un peu tes livres et tes enseignements. Laisse s’envoler tes rêves.
Ce soir-là, au fond de son dortoir, Niecke s’endormit, sourire aux lèvres, pour chevaucher sa licorne de rêve.
L'histoire du jour, avec mon petit personnage que vous semblez avoir adopté...
Les nouveaux contes du Tournaisis

Le beffroi stellaire
Le jeune Niecke était en courses pour son curé. Celui-ci, gourmand, un si petit péché, l’avait envoyé quérir quelques sucreries coniques dont il raffolait. Celles de la confiserie de la Gand Place uniquement, gourmand, mais gourmet. Et un peu exigeant. Un brave homme d’église, comme on n’en fait plus.
Malchance, l’échoppe n’était pas encore ouverte. Niecke s’installa à une terrasse proche pour patienter. Son réveil étant déjà fort lointain, il bailla, s’étirant bras en l’air. A sa grande surprise, un verre apparut sur la table, comme par magie. Le soleil du matin mettait de l’or liquide devant ses yeux. Soudain assoiffé de sa marche, il vida le verre d’un coup. Peu à peu le beffroi sembla devenir flou, clignotant, vague…
Tout était prêt. La fusée enfin terminée trônait sur l’espace d’envol. Pointue comme une flèche, belle comme un oiseau, brillante comme un espoir de retour, ses réservoirs latéraux pleins d’énergie, elle ne demandait qu’à quitter le sol. Ils pourraient enfin quitter cette planète, lui ayant apporté connaissances et bonheurs. Les suivants en feraient bon usage. Soudain, une agitation secoua l’équipage. Où était le Grand Commandeur Niecke, celui qui devait piloter le vaisseau nommé Abbé Froid, en ultime message d’avertissement des croyances obsolètes ? Nul ne savait. On le chercha partout, dans toute la région, en cercles concentriques, on tournait, on tournait, sans le trouver. On souleva même l’Escaut, pour y voir dessous, puis on le remit au lit, quand même, on fit des trous dans un pont pour y voir dedans, sans les reboucher, pas le temps. Rien n’y fit. Faute de pilote, la fusée resta en place. Peu à peu, elle se couvrit de la pierre bleue locale, immobile, solitaire, stoïque. Personne n’avait pensé chercher au pied de l’Abbé Froid, où le Grand Commandeur dormait, les fesses en terrasse.
Niecke se réveilla en sursaut. Le confiseur levait son volet. Le curé sera content.
Drôle d’histoire, mais quand votre conteur, les fesses en terrasse, lève les yeux vers le beffroi, qu’y voit-il ?
L'histoire du soir, sur la photo de Thérèse-Marie Courcelle.
Les nouveaux contes du Tournaisis

La tour qui fume
Le curé de Saint Brice s’époumonait dans son église, peu respectueux du lieu. « Niecke ! Où es-tu, enfant du démon ? ».
Le jeune novice savait très bien éviter le courroux du prêtre. Il savait les coins des trois nefs où il pouvait passer un peu de temps tranquille en compagnie de ses chers livres. Mais ce jour-là, il ne lisait pas. Il était assis, tous yeux et toutes oreilles ouverts, en haut de la tour. Devant lui, un vieux chevalier lui contait sa vie de croisade et de voyage. L’enfant buvait ses paroles. Il était très loin, loin des rues de Tournai, loin de la tour de Saint Brice. Aux déserts de Palestine, au port d’Acre, aux retours sans gloire. Le vieil homme parlait, parlait encore. Le vent coulis faisait frissonner Niecke. Il prit quelques morceaux de bois, un peu de sciure, et alluma un petit feu sur la dalle du sol. Le chevalier sortit un sachet de sous son tabard et le jeta au cœur des flammes. Une lumière étincelante envahit la tour, et une fumée blanche s’éleva dans le ciel de Tournai.
Parfois, une rencontre libère les souvenirs.
Niecke se réveilla au matin, seul, en haut de la tour Saint Brice. Ne restaient que quelques cendres, et un nuage dans le ciel.
L'histoire du jour, sur la photo de Christophe Bernard.

Sous le pont
Il avait marché tout le jour, parmi les gens heureux, de la cathédrale au beffroi, de porches anciens en proches statues, de terrasses riantes de cris en ruelles brillantes de pluie. Et le jour est passé, les clameurs se sont tues, le soir est venu en son cortège de silence. Un pont l’accueillit sous son arche, pauvre Noé en déluge. Il s’adossa au mur, en appui secourable.
Le pont cinémascope lui offrit une séance, de lumières, de reflets, de bus sous-marins sur la toile or azur. L’Escaut se fit piste de danse en comédie musicale, le ciel tarda à se noircir pour éclairer ce spectacle improvisé. La nuit passa, magique.
Au matin, le pont redevint pont, l’Escaut redevint fleuve, la vie reprit son cours, jusqu’à l’amer. Sur le mur, à la craie, restait un dessin et un mot. Un cœur, et merci.
L'histoire du soir, vite, il est tard.
Les nouveaux contes du Tournaisis

Paroles de pierre
Ne bouge plus, il y a quelqu'un !
Je ne vois personne.
Si, derrière les ogives.
Ah, mais ça, c'est dehors. Ici, nous sommes chez nous, Nous faisons ce que nous voulons.
Que nenni, nous sommes de pierre, nous ne sommes pas censés bouger, ni même parler.
Et sur cette pierre je bâtirai mon église, et je te mets des vitraux, des orgues, et des statues, je sais. Mais je suis resté immobile assez longtemps, j'ai des fourmis partout, sans parler des fientes de pigeons. Et ne crains rien, le petit gars, là, il ne va pas se vanter d'avoir vu des statues parler. Ce serait un aller direct à la camisole.

Le photographe sourit, releva le col de son blouson de cuir, rajusta sa casquette, et s'éloigna. La camisole ne lui faisait pas peur...
L'histoire du jour
Les nouveaux contes du Tournaisis

Le cœur las
Un brave cœur avait battu toute sa vie. Percussionniste de tous les instants passés, il avait rythmé les jours, parfois follement aux grandes amours, parfois doucement aux grandes peines, parfois à contre temps aux grandes tristesses. Il avait tant battu qu’il était las. Las, dans sa cage thoracique. A travers les barreaux, il voyait de loin les hautes tours qu’il avait gravi en joyeuse tachycardie et aimable compagnie. A travers les barreaux.
Chacun de ses battements lui chantait les heurs des moments passés aux éclats de rire, heures libres derrière les barreaux.
Il rêvait encore, las, dans sa cage thoracique
L'histoire du soir, sur la photo d'Emmanuel Bouret.
Les nouveaux contes du Tournaisis

Le méchant homme
Il avait vécu très longtemps. Assez longtemps pour que l’on dise que même la mort ne voulait pas de lui. Car c’était un méchant homme, un homme méchant. En acte, en pensées, même sa présence suffisait. Bon à rien, mauvais à tout, même la bile semblait douce en comparaison. Pourtant il mourut un jour. Peut-être la faucheuse était elle distraite, sa lame a dérapé, on ne sait. Mais l’affaire étant faite, il fallut bien s’occuper du méchant défunt. Le bourgmestre tira au sort le nom d’un échevin, et celui-ci dût choser à cette ingrate tâche. Il trouva un coin reculé du cimetière, enterra le méchant, le père abbé dit une prière, peu convaincu, et l’on planta une graine sur la tombe, histoire de faire cérémonie. Et chacun retourna vaquer à ses occupations.
Longtemps, très longtemps plus tard, la graine devint arbre. L’arbre le plus tortueux, le plus torturé, le plus tordu du monde des arbres. On aurait pu entendre ses branches gémir sous la brûlure de la sève nauséabonde montant des racines. Mais pourquoi donc cet arbre est-il si tourmenté, se demandaient les familles des défunts en visite, les familles, pas les défunts, qui reçoivent habituellement. Un conteur assis seul au pied de l’arbre, leur disait alors, je vais vous raconter.
Être méchant de son vivant fait souvent souffrir un arbre. Morale généalogique ?
L'histoire du jour, sur la photo, un peu émouvante, de Thérèse-Marie Courcelle.
Les nouveaux contes du Tournaisis

Le château des souvenirs
La lourde grille a claqué une dernière fois, sonnant le glas du temps jadis. Elle se retourne, une dernière fois, sur ce lieu, sur sa vie. Mais le temps passe, indifférent, emmenant avec lui les histoires d’enfant. Ont-ils couru, dans les coursives, semant leurs rires comme des graines, autant de promesses de jours de joie. Ont-ils joué à cache cache entre les buissons du jardin. Mais le temps passe, devenus grands, les enfants partent à d’autres lieux, d’autres milieux et d’autres vies. Le grand château passe en silence de mornes jours en pénitence. Exil immobile, souvenirs d’enfance, passe le temps.
Parfois elle passe, simple voisine, elle qui fut reine et châtelaine. Elle garde au cœur, des rires d’enfants, toutes les couleurs
La petite histoire du soir avant d'aller se coucher, sur une photo de moi.
Les nouveaux contes du Tournaisis

Le marchand orgueilleux
En un temps de légendes, un marchand de la Grand Place était jaloux. Jaloux du beffroi. Comment peut-on être jaloux d’un beffroi ? Lui l’était. Il l’était car les promeneurs n’avaient d’yeux que pour la tour, délaissant l’étal de sa boutique.
Un jour, il eut une idée. Et si j’étais plus grand que lui ? Chacun me verrait, me regarderait, dirait c’est le grand marchand ! Il installa un socle de pierre, y fixa un haut tube de fer, et grimpa s’installer au faîte. Il dépassait d’une tête le beffroi. Celui-ci s’occupait de ses affaires de beffroi, indifférent au petit homme juché sur son perchoir. Mais le soleil levant, surpris d’un tel orgueil, darda si bien ses rayons que le marchand devint aussi ferreux que son piédestal. Et resta perché pour toujours.
Légende, direz vous ? Levez les yeux sur la Grand Place, vous verrez.
L'histoire du jour, sur la photo, un peu mélancolique, d'Astrid Moreels.

Tournaisis en poésie

A chaque jour subit sa peine
Attendant que nuit revienne
Mais chaque jour suffit à peine
L’autre après l’un chaque semaine
Une lumière après une autre
Et le silence après un autre
Un jour nouveau après la nuit
Une autre nuit le jour s’enfuit
L’autre après l’un les jours avancent
Goûtant le soleil de la chance
Qu’après la nuit viennent les jours
Des souvenirs de leurs amours
L'histoire du soir, sur la photo de Matthias Fontier.
Les nouveaux contes du Tournaisis

Petite musique de nuit
Le jour s’en été allé, paré de son ciel bleu. La nuit vint donc prendre sa place, dans son obscur manteau. Et, chose que peu de gens savent, la nuit avait peur… du noir. Or, il n’y avait aucune lumière, nulle part. juste quelques pointillés en reflet d’étoiles sur l’Escaut.
Le fleuve, qui avait bon fond, dit à la nuit. « Quand on a peur, il faut chanter ! ». La nuit murmura, penaude, « Je ne sais pas chanter sans musique, ni sans lumière… ». Alors l’Escaut alluma ses réverbères, et en fit un orgue de couleurs. Un clavier étincelant de nacre et de rubis, sur lequel la nuit composa et chanta jusqu’au matin. Qui vint trop vite au goût des deux amis. La peur avait disparu.
Il se raconte qu’un pèlerin passant par là cette nuit, entendit comme une musique venue de nulle part. « Tiens, la nuit compose-t-elle ? » se dit-il. Et il poursuivit son chemin, charmé.
L'histoire du jour, sur la photo de Thérèse-Marie Courcelle.
Les nouveaux contes du Tournaisis

Glacière
Une histoire de veillée ? Installons-nous près de l’âtre, quelques chopes et petits boudins à picorer, et écoutons. Écoutons la légende du cœur glacé de Verte feuille.
Un jeune voyageur, de passage en région, s’éprit d’une demoiselle, hors de l’entendement. Mais il eut beau chanter, versifier, danser tel un paon dans ses plumes, son ressenti resta vain. Ayant bon esprit malgré son enflammement, il déposa son cœur en un lieu glacé, en conserve du temps. Un jour, peut-être reviendra-t-il le chercher. Telle est l’histoire de la glacière de Verte feuille.
Pourquoi ce nom ? Parce que l’espoir est une branche sur laquelle les feuilles restent toujours vertes, en attente de fleurs nouvelles.
L'histoire du soir, sur la photo de Michel Hermann.
Les nouveaux contes du Tournaisis

Souvenir
Madame Huguette peinait à monter les vieilles marches disjointes, aussi vieilles et disjointes qu’elle. Vieilles du temps passé trop vite, disjointe depuis que Marcel, son époux, était parti. Parti vers ce ciel si bleu qu’elle regardait, parfois avec envie, du bas de l’escalier. Chaque jour, elle forçait ses pauvres jambes à la monter à l’église. Chaque jour, pour une prière. Une prière ? Non, un bonjour à Marcel.
Le bourgmestre avait bien installé une rampe d’accès plus facile, mais madame Huguette persistait à prendre le vieil escalier. Car c’était là, il y a très longtemps, que son Marcel s’était déclaré.
Il y a des lieux chers à notre cœur, même si on peine à s’y retrouver.
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